
Le rio Sabor (Portugal) et son projet de barrage
Le rio Sabor est la dernière rivière exempte d’anthropisation [1] du Portugal. Elle est restée vierge de toutes activités humaines (barrage, prélèvement de sable, pollution...). C’est un site unique au Portugal, une relique de la nature. On y découvre au gré des promenades l’aigle royal qui se dispute le ciel à l’aigle de Bonelli, la cigogne noire et le vautour percnoptère. Toutes ces espèces
sont en voie de disparition.
Le loup y traine aussi ses babines et la loutre ses moustaches...
Le potentiel archéologique est grand, à quelques kilomètres au sud, on trouve les gravures paléolithiques de la vallée du Côa, classées au patrimoine mondiale de l’humanité de l’UNESCO.
Le gouvernement portugais dans son immense sagesse a décidé de construire un barrage dans la vallée du Sabor tenant ainsi sa promesse de construction de dix barrages lors de son mandat.
Une mobilisation citoyenne s’est donc créée contre la construction de ce barrage. Organisant des rencontres, divulguant des informations aux médias portugais et européen, ayant recours au droit
européen (la zone est classée Natura 2000 et zone de protection spéciale).
Du coté des populations locales, la protection de leur patrimoine, auquel ils sont particulièrement attachés, est au cœur de leurs priorités. Malheureusement la réalité économique est en train de les rattraper. Ce qui a préservé ce lieu unique est aujourd’hui un facteur de péril. De par
son isolement géographique, la région a été préservée des pollutions et modifications du milieu liées aux activités économiques. La contrepartie, ce sont des familles entières qui ont vu leurs enfants partir dans un pays étranger pour trouver du travail.
Le barrage serait une source d’activités et d’emplois pour la région : main d’œuvre pour sa construction, création d’une base nautique et d’une activité touristique, avantages fiscaux....
Outre ces avantages, deux autres raisons pourraient pencher pour le barrage. L’une est l’eau potable que les gens sont obligés d’aller acheter à la grande commune voisine, l’autre une dette pour un village
de 120 habitants de plus 15000 euros d’électricité laissé par une société qui a construit un pont et dont les ouvriers ont vécu sur la commune. Tous ces problèmes pourraient être compensés par de l’argent rapporté grâce au barrage.
Le principal reproche que font les populations locales aux mouvements contre le barrage est son apparition tardive sur la scène. En offrant une contrepartie, un contrepoids aux débats démocratique bien après les pros barrages, ils ont perdus la première bataille. Les pros barrages ont
été les premiers à offrir une opportunité de développement à ces populations.
Et ceci à une grande importance pour une population qui s’est senti à l’écart du monde pendant des dizaines d’années et qui a vu un par un leurs enfants s’exiler pour trouver un travail.
Les opposants aux barrages ont saisi les instances européennes, les procédures sont en cours.
L’Europe reste le dernier rempart juridique à ce projet.
La concertation avec les populations locales est et sera toujours primordiale. Débouchant sur la création d’un plan de développement durable du patrimoine fondé sur l’écotourisme, elle devient une alternative sérieuse au barrage.
Cet exemple pose le problème ambigu de la préservation de la nature, car si la production d’hydroélectricité grâce au barrage est une source d’énergie propre et renouvelable, elle a un impact sur l’environnement car elle transforme les habitats pour certaines espèces. La destruction d’ habitats est aujourd’hui le premier facteur de disparition des espèces.
Le Rio Sabor est la dernière rivière sauvage du Portugal, son patrimoine naturel autant que culturel est unique, sa disparition serait dommageable pour l’humanité.
Pour plus d’information en portugais et en anglais :
http://www.saborlivre.org/
Article d’Hervé transmis par Nicole
[1] En géographie et en écologie, l’anthropisation est la transformation d’espaces, de paysages ou de milieux naturels sous l’action de l’homme.
Herve
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